Adrien Clémenceau, des bords de la Loire aux rives de la Volga

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Le 15 février dernier, le Club a reçu pour son déjeuner mensuel l’explorateur angevin aux multiples casquettes. Passionné par la Russie, celui qui est aussi guide-interprète vient de publier “Dans les bras de la Volga” (éditions Transboréal), le récit de 82 jours en kayak et en totale autonomie, à l’automne 2019, sur le plus long fleuve d’Europe. Une aventure “ethno-sportive” dans les pas d’Alexandre Dumas pour découvrir et raconter la Russie d’hier et d’aujourd’hui.

Discuter avec Adrien Clémenceau, c’est une promesse d’évasion. Le natif de Bouchemaine, formé aux métiers du guide-interprète ainsi qu’en oenologie, a réussi à conjuguer ses passions pour les voyages (Lettonie, Allemagne, Géorgie, Russie), la Loire (dans “Hommage à la Loire”, il raconte sa découverte du fleuve à vélo) et le kayak. D’août à novembre 2019, Adrien Clémenceau a descendu la Volga de sa source à la mer Caspienne (soit environ 3 500 km). Non pas dans un esprit de performance, mais plutôt avec “un regard littéraire” et notamment comme fil d’inspiration le récit d’Alexandre Dumas, “Voyage en Russie”. “Bien que je pratique le kayak depuis mon enfance sur la Loire, je n’avais jamais parcouru des milliers de kilomètres d’une traite, avoue-t-il. Pour mon premier grand voyage fluvial, la Russie s’est imposée d’elle-même, aussi parce que j’étudie sa langue. Quant à l’idée de suivre la Volga, elle me paraissait le meilleur moyen de sortir des sentiers battus. Depuis le passage de Dumas en 1858, la Russie s’est métamorphosée. Mais la Volga reste cette gigantesque et magistrale artère qui contiendrait tous les secrets de la terre et de l’âme russes.”

Tout sauf un long fleuve tranquille

C’est donc à bord d’un kayak pliable (ossature en aluminium et peau en PVC) et avec de légers bagages (de quoi faire un bivouac) qu’Adrien, chapka sur la tête, a pagayé sans relâche sur le plus long fleuve d’Europe du 26 août au 15 novembre 2019. Entre la fatigue, le vent, les barrages hydroélectriques à franchir, les contrôles de police, les animaux ou encore le froid, cette aventure n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. “Physiquement ça a été assez dur: après 45 jours j’avais mal aux mains et comme j’étais beaucoup assis j’ai perdu des muscles dans les fesses et les jambes. Le vent soufflait tellement fort à un moment que j’ai décidé d’attendre qu’il se calme. Pour continuer à avancer, j’ai pris le risque de pagayer de nuit. Par chance, c’était la pleine lune et au début tout était calme. Mais d’un coup, alors que j’étais en plein milieu du fleuve, le vent s’est levé, il y a eu de grosses vagues. Un de mes sacs est tombé à l’eau. Il était toujours attaché à l’arrière du kayak mais me déséquilibrait. J’ai pris mon couteau et j’ai coupé la corde. J’ai notamment perdu mon sac de couchage… Heureusement il en restait un dans le seul magasin de pêche du patelin suivant.”

Tout au long de son périple, jusque dans les villages les plus reculés des républiques de Tchouvachie, du Mari El, du Tatarstan ou encore de Kalmoukie, Adrien a bénéficié de la grande générosité des riverains de la Volga. “Beaucoup m’ont pris pour un fou et m’ont déconseillé de continuer mais m’ont spontanément offert de la nourriture et/ou l’hospitalité. J’ai été accueillit par plusieurs clubs de kayak et j’ai passé 28 nuits chez l’habitant. J’en garde de très bons souvenirs, sauf quand un pêcheur ivre m’a dit qu’il allait me tuer ! (rires)” Le kayakiste angevin a aussi été à la rencontre de jeunes russes au sein des Alliances françaises de Kazan, Samara et Saratov. “Ils étaient très curieux, surtout au sujet de la Loire”, se souvient Adrien. Dans son livre, en forme de carnet de bord, il nous emmène à bord de son embarcation de fortune et l’on découvre avec plaisir l’extrême diversité des paysages et des peuples qui vivent le long de la Volga.

En attendant de sans doute repartir en voyage en Europe de l’Est, le Bouchemainois participe à l’organisation de la première édition de « La Loire 725 »​: 200 kayaks et stand-up paddles relieront Roanne (Loire) et Paimboeuf (Loire-Atlantique) du 19 au 25 juin prochain, soit 725 km en sept jours, ce qui en fera la course de pagaie la plus longue du monde.

Adrien Clémenceau présentera son livre, ainsi qu’une petite vidéo de son périple, le vendredi 25 mars, à partir de 19h, au Centre Jacques Tati (quartier Belle-Beille).

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